Aller au contenu

Comment gérer, le « j'aime / j'aime pas »

8 août 2023 · 6 min

"J'aime pas le bleu là sur la maquette de l'application", "Je ne suis pas fan de cette image". Ce sont des retours courant dans les projets de conception. Elles le sont également dans la vie courante, avec le choix d'un vêtement ou d'une décoration. Comment l'anticiper, répondre et tirer parti de ces retours ?

Les biais de la perception

Comment s'attaquer à cette problématique sans aborder les nombreux biais, ceux qui nous influencent, nous donne une perception du réel altéré ? Concernant la perception, les principaux sont :

  • L'effet Semmelweis Est une attitude à rejeter des informations parce qu'elles vont à l'encontre de normes ou croyances.
  • La perception sélective, une attitude à mettre en avant et à retenir seulement les informations qui confortent notre pensée.
  • Les stéréotypes, les images préconçues sur des groupes de personnes. Exemple : Les femmes préfèrent les designs roses.
  • L'aversion au changement Une attitude avec laquelle l'on va rejeter une nouveauté, fut-elle meilleure. Cette attitude peut avoir des multiples sources : Peur du changement, perte de confort pour s'adapter aux évolutions ou attachement émotionnel à l'existant.

La coconception

Pour s'assurer de l'adoption d'une réalisation, on peut s’appuyer sur la coconception. Impliquer des utilisateurs et des parties prenantes à la réalisation permet de prendre en compte leurs avis très tôt dans le processus créatif. C'est aussi recourir aux biais Ikea. Il consiste à davantage apprécier un produit du fait que l'on y a contribué

La coconception, c'est aussi sortir des biais du concepteur.

Schéma de cercle de vision et à l'intersection le cadre actée en coconception

Les livrables intermédiaires

Le recours aux multiples livrables au cours de projet est un bon moyen de limiter les sorties de pistes. Plus l'on corrige tôt la direction d'un projet, plus il est simple de répondre à l'attente des commanditaires.

Si on vous commande la réalisation d'un court métrage. Les retours recueillis lors des présentations du synopsis, du scénario et de l'animatique, vous permettront de recentrer le sujet, supprimer certaines parties au profit d'autres. Si vous n'adopter pas cette approche itérative, après la présentation de votre premier montage, il vous sera plus difficile de modifier l'angle ou des séquences entières de votre métrage.

Schéma linaire de la conception d'un film : synopsis, scénario, animatique, film

La présentation des réalisations

Avant de présenter vos réalisations, il faut commencer par vos réflexions. Comment avez-vous abordé la problématique, quelles pistes avez-vous prises et écartées et pourquoi ? Cela met en avant la réflexion et les points forts de la création. Ce Storytelling permet également d'obtenir des retours plus précis et qualifiés.

Acceptez les retours

Ils ne vont pas toujours dans votre sens. Cela remet en question un travail et des choix dont vous êtes sûr de la direction. Ce sont parfois des heures de travail mis à l'arrêt ou de côté. Pourtant, c'est une chance, celle de pouvoir rebondir, celle d'avoir eu un regard différent sur le sujet, d'aller plus loin dans la problématique, d'explorer de nouvelles pistes.

Répondre argument sur argument n'est pas toujours la bonne stratégie, elle favorise l'effet boomerang. Plus vous allez mettre en avant vos explications, moins ces derniers auront de chances d'être accepté par les autres.

Convaincre

Pour palier à cet effet, le Nudge est une méthode d'influence efficace. Elle consiste non pas à donner une action ou un ordre à effectuer mais une information. Si l'objet de la discussion est la lisibilité d'un texte. L'injonction serait "Il faut agrandir le texte de 2 pixels et changer sa couleur pour un gris plus foncée".
Le même propos en Nudge "Certains utilisateurs auront du mal à voir ce texte et ne vont pas le lire, du fait de sa taille et de son contraste."

D'autres biais cognitifs sont souvent utilisés en rhétorique :

  • La figure d'autorité, citer des études, des référentiels pour appuyer vos arguments. En plus d’appuyer vos travaux avec ces éléments, l'usage de la recherche secondaire permet d’améliorer les créations en s’appuyant sur de nombreux projet et recherches.
  • Le biais de rareté : Créer une perception de rareté, d'unicité d'un produit.
  • Engagement et cohérence : Encourager les individus à prendre un petit engagement initial envers une idée ou un produit. Puis s'appuyer sur cet événement pour obtenir un engagement plus important par la suite.
  • Récompenses et incitations : Offrir des récompenses, des avantages ou des incitations pour encourager une action ou une décision spécifique.
  • Preuve sociale : Mettre en avant le fait que d'autres personnes ont fait le même choix ou ont adopté une certaine action, cela influence les individus à suivre cette tendance.
  • Contraste : Placer une option moins attrayante à côté de l'option visée pour créer un contraste. Cela a pour effet de rendre l'option souhaitée plus attractive.

L'étude de perception

Pour trancher des sujets délicats, comme le choix de l'emblème de l'équipe de France olympique, l'étude de perception et un outil intéressant pour s'assurer de l’adhésion de la conception. Il peut permettre également d'analyser s'il porte bien les valeurs souhaitées et s'il répond au cahier des charges.

Étude de perception sur l’emblème de l'équipe de France olympique
Enquête quantitative sur le nouvel emblème de l’Équipe de France olympique et paralympique - Harris Interactive

Les études de perception peuvent également se reposer sur des échelles scientifiques comme le meCUE ou l'attrakdiff.

Au-delà des opinions

Maitriser le j'aime / j'aime pas, c'est réussir à dépasser les opinions, grâce à une approche méthodologique de coconception et d'itération. Prendre en compte les différents biais lors de la conception. Se doter d'une rhétorique pour les présentations, pour promouvoir les positions fondées sur la recherche et centrés sur les besoins des utilisateurs.

Retour aux articles

Entre 25 et 2500 caractères